Mission Serpaton
Le projet
20 juillet 2020 7h01 gare de Chambéry (réussi par 5 vaillants participants : Josselin, Tuyen, Hubert, Maeva, Daniel – rejoints par Gautier à Gières)
9h01 Monestier (réussi, jusque là pas trop dur)
750 mètres de dénivelée (réussi par tout le monde avec lenteur et régularité pour ne pas trop manger d’influx nerveux)
11h Pique-nique Serpaton (ultra rapide car les conditions sont parfaites au déco)
11h30 Déco (réussi)
16h30 Arrivée Montagny (réussi par 5 participants)
19h30 Léman (réussi par Tuyen)
Le compte-rendu
Après le petit effort du réveil matinal (déjà bien fatigués par le cross de la veille), c’est quand même sympa de partir à l’aventure en mobilité douce. Pas de voitures à gérer, juste à contempler le paysage ou frémir au passage devant les futures transitions qu’il va falloir réussir.
La montée à pied au Serpaton est toujours très jolie, et à cette heure là dans la forêt, il ne fait pas encore trop chaud. Au déco, pas beaucoup de monde, à part… Gérald avec un petit groupe qui prévoit le tour du Vercors, et qui finalement se lancera sur le même trajet que nous.
Déco bien alimenté, aucun problème pour prendre de l’altitude et transiter sur l’avant relief au-dessus de Saint Guillaume. Le raccrochage des deux soeurs est un jeu d’enfants, le cheminement sur les crêtes du Vercors un long ascenseur en ligne droite entre 2500 et 2800 m. Jusque là tout va bien, mais la première épreuve nous attend : pour ceux qui ne l’ont jamais faite, la transition au-dessus de Grenoble (10 km sans le moindre atterro) fait quand même un peu trembler.
Heureusement pour la plupart, on arrive haut…. et malgré un début de transition chaotique sous le vent de sud-ouest, on passe à raz de la ZIT au niveau de la bastille et on raccroche le Rachais. Seule Maeva, qui veut vraiment avoir de la marge, patiente une heure sur le Moucherotte pour s’assurer un bon plafond au dessus de 2800. Belle ténacité !
Une fois en Chartreuse, on peut se détendre à la vue de tous les atterros en fond de vallée, d’autant plus que ça monte bien et qu’arrivés au Granier, certains seront au-dessus de 3000 m. Nouvelle transition cette fois plus décontractée. Tuyen est en tête comme d’habitude, mais Hubert met le turbo et se transforme en véritable fusée, il sera le premier au Parmelan où il fera demi-tour pour boucler 180 km. Pendant ce temps là, Josselin et Daniel volent ensemble, suivis un peu plus loin par Gautier et Maeva. Josselin ira lui aussi traverser le lac avant de revenir (plus de 150 km). Les trois autres, parfaitement heureux du parcours déjà effectué, font demi-tour à Lescheraines pour passer par la Croix des Bergers et faire le glide final sur Montagny, avec une belle distance de 120 km.
Quant à Tuyen, je lui laisse la parole pour la suite :
« Arrivé au Parmelan, il est temps de dire au revoir aux copains du jour. J’ai décidé de ne pas me dégonfler cette fois-ci : j’irai voir le lac léman !Après avoir effectué tout le vol en compagnie de plein d’autres ailes, c’est désormais en solo que je continuerai mon parcours. J’imagine la tête des gens qui m’ont vu partir vers Sous-dine avec 15/20 de sud-ouest. Ils ont dû se dire : « Lui, il ne reviendra pas ! ». Et ils avaient bien raison, une bonne distance libre sans retour prévu.Avec les conditions du jour, je m’inquiète un peu pour la traversée de Cluses car pour avoir déjà raccroché le Môle une fois et en avoir discuté avec d’autres, je sais que l’arrivée dans la brise donne des résultats aléatoires. Il me reste donc une autre solution : arriver à passer par la pointe D’Orchez, petite pyramide qui ne paye pas de mine du haut de ses 1350 m mais présentant une belle face sud ouest bien orienté pour récolter la brise et la transformer en ascenseur. Seul petit problème : la transition fait 12 km, elle est plus longue que celle entre le Granier et le Montgelas… Cette petite butte paraît très loin mais avec un plaf à 2700 à la Pointe d’Andey, un bon sud ouest et une arrivée dans la brise, cette traversée est une formalité. J’arrive tellement haut que faire quelques tours pour gratter 200 m à Orchez reste un luxe, j’aurais pu probablement arriver directement à Mieussy.Avec les conditions du jour la traversée du Chablais devient vraiment un jeu d’enfant. Je n’y ai volé qu’une fois en partant du Grand Bo, ma connaissance du massif fait de moi plutôt un néophyte. Tout de même fatigué par le vol de la veille, le réveil matinal et la montée à pied au déco, je profite de l’instant contemplatif du vol, cap sur le lac. Je me pose à Bernex, au pied de la dent d’Oche accueilli comme un roi par les locaux à qui il n’en faut pas plus pour organiser un apéro délicieusement convivial. Un grand merci à Patrick de m’avoir hébergé, me permettant de voler sereinement et de reprendre le train le lendemain matin. »